(Shutterstock)
Les marchés financiers ont eu droit à un répit après l’annonce du report des droits de douane imposés contre le Canada et le Mexique. La surtaxe douanière de 10% décrétée sur les importations en provenance de Chine est également moins forte que prévu et la riposte de Pékin semble avoir eu pour but d’éviter une escalade. Le VIX, l’indice qui mesure la volatilité des actions, a chuté, passant de 18,6 à un plus bas de 15,5 avant de s’installer autour de 16,5. L’indice DXY (l’un des grands bénéficiaires des droits de douane) a fini la semaine en baisse d’environ 0,8% et de 1,7% depuis le pic atteint mi-janvier. Les investisseurs doivent-ils considérer que le pire est derrière nous et se ruer à nouveau vers les actifs risqués?
Malgré un début de guerre commerciale plutôt tiède, il est encore trop tôt pour exclure une nouvelle recrudescence des tensions commerciales et de nouvelles restrictions. Les tarifs douaniers sont considérés comme l’une des pierres angulaires du programme politique de Donald Trump, lequel n’a pas décrété la fin des négociations avec le Canada, le Mexique ou la Chine. Les tarifs douaniers sur les exportations des pays de l’UE vers les États-Unis restent également à l’ordre du jour. Il semble par ailleurs peu probable que la Réserve fédérale américaine abaisse les taux à court terme, les chiffres de l’emploi aux États-Unis en janvier ayant été meilleurs que prévu, même si le nombre de créations d’emplois non agricoles a été quelque peu décevant.
La conjoncture macroéconomique devrait soutenir le dollar à court terme, lequel devrait se déprécier progressivement au cours de l’année. Les investisseurs doivent s’y préparer et se positionner dans la perspective d’une aggravation des risques géopolitiques. Outre la vente du risque d’appréciation des monnaies des pays ciblés par des droits de douane, le pétrole et l’or restent de instruments de couverture efficaces pour les portefeuilles, y compris contre une hausse du dollar à court terme. Voici quelques conseils pour les investisseurs:
Vendre les risques d’appréciation des monnaies des pays exposés. Sachant que les menaces de Trump ne ciblent qu’une poignée de pays, il nous semble pertinent de vendre les risques d’appréciation de ces monnaies pour accroître le revenu des portefeuilles. Pour l’heure, le Canada, la Chine et l’UE semblent être les principales cibles. Les paires USDCAD et USDCNY pourraient grimper jusqu’à 1,46 et 7,50 dans les prochains mois, la paire EURUSD chutant jusqu’à la parité sur la même période. Nous conseillons donc de vendre les risques baissiers pour les paires USDCAD et USDCNY et les risques haussiers pour la paire EURUSD.
Les cours du pétrole devraient rester à un niveau élevé. Dans le secteur de l’énergie, le pétrole brut présente la plus forte corrélation négative avec l’USD, dont le niveau reste relativement faible, de -0,2 sur les 30 dernières années. Le degré de corrélation positive a toutefois fortement augmenté lors de perturbations graves de la production en Irak et en Libye en septembre 2013 et lors du déclenchement de la guerre en Ukraine en 2022, en prévision des perturbations massives des approvisionnements en brut russe. Nous restons convaincus que la dynamique de l’offre et la demande déterminera en grande partie les variations des cours du pétrole. La demande d’énergie devrait rester forte, d’autant plus que l’offre pourrait être réduite par les mesures prises par l’administration Trump pour restreindre l’accès au pétrole iranien et russe. Malgré l’appréciation potentielle du dollar à court terme, les cours du baril de Brent pourraient atteindre 80 dollars. Nous conseillons également de vendre les risques de baisse des prix du pétrole brut afin de générer des revenus.
Conserver l’or. Le métal jaune est un autre actif qui pourrait être pénalisé par la force du dollar, ce qui renchérirait l’or lorsqu’il est libellé dans d’autres monnaies. L’attrait de l’or, considéré comme une valeur refuge, a favorisé son bon début d’année 2025. Les achats nets des banques centrales ont dépassé 1000 tonnes pour la troisième année consécutive en 2024, et la demande aux fins d’investissement a atteint son plus haut niveau depuis quatre ans, les ETF attirant de nouveau les capitaux au deuxième semestre 2024. Les banques centrales devraient continuer d’acheter massivement de l’or dans les années à venir (à des fins de diversification) et les tensions commerciales devraient soutenir la demande des investisseurs. Nous relevons donc nos prévisions à 3000 dollars l’once sur les douze prochains mois et conseillons d’allouer environ 5% à l’or au sein d’un portefeuille équilibré afin d’optimiser la diversification à long terme.