Zurich, 5. mai 2022 – La pandĂ©mie et la guerre en Ukraine sont deux Ă©vĂ©nements bouleversants qui ont brutalement rĂ©vĂ©lĂ© la vulnĂ©rabilitĂ© des chaĂ®nes d’approvisionnement mondiales. Les progrès rĂ©alisĂ©s en matière de transport, de technologie de communication, ainsi que de digitalisation ont permis aux entreprises de collaborer plus Ă©troitement Ă  l’échelle mondiale en termes de production et de circulation de biens et de services. Entre-temps, elles ont formĂ© des Ă©cosystèmes dans de nombreux domaines. Aujourd'hui, les coopĂ©rations sont gĂ©nĂ©ralement mises Ă  l'Ă©preuve. Les Ă©conomistes du Chief Investment Office d’Ă۶ąĘÓƵ Global Wealth Management (Ă۶ąĘÓƵ CIO GWM) ont donc voulu savoir si, comment et pourquoi les entreprises suisses collaboraient avec d'autres sociĂ©tĂ©s.

Dans un sondage réalisé semestriellement en partenariat avec l’institut d’études de marché Intervista auprès de 2500 entreprises suisses, sept entreprises interrogées sur dix déclarent coopérer avec d’autres sociétés. Les principaux secteurs de coopération sont l’achat et la vente, les prestations de services internes à l’entreprise, ainsi que le développement de produits et l’innovation. Les coopérations naissent principalement de la volonté de proposer des produits ou des services qui nécessitent des partenariats pour voir le jour ou pour pouvoir offrir la qualité nécessaire. Il est donc peu surprenant que la stratégie des entreprises qui coopèrent avec d’autres soit plus digitale, plus innovante et plus ambitieuse que la moyenne.

«Les rĂ©sultats du sondage nous confirment que la collaboration avec d’autres entreprises augmente sa propre compĂ©titivité», a dĂ©clarĂ© Sabine Keller-Busse, President Ă۶ąĘÓƵ Switzerland. Environ 30% des entreprises interrogĂ©es se dĂ©crivent comme faisant partie d’un Ă©cosystème commercial. Ces Ă©cosystèmes sont surtout populaires dans les secteurs de l’industrie, de l’informatique, de la communication, du transport et de la finance. Le souhait de nombreuses sociĂ©tĂ©s d’élargir leur offre en coopĂ©rant devrait soutenir la croissance des Ă©cosystèmes dans les annĂ©es Ă  venir. L’enquĂŞte dĂ©montre aussi que 20% des entreprises interrogĂ©es ne font pas partie aujourd’hui d’un Ă©cosystème mais qu’elles gardent cette option ouverte pour l’avenir.

Pour de nombreuses entreprises, la digitalisation a favorisé la collaboration avec d’autres sociétés. La pandémie n’a pas freiné cette tendance. Au contraire, elle s’est accélérée. Dans le même temps, les entreprises industrielles s’inquiètent des goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement. Outre ce risque, des incertitudes liées à la guerre en Ukraine, à la politique restrictive de la Chine face au coronavirus, ainsi qu’à la hausse mondiale de l’inflation émergent actuellement.

Hausse des risques à l’échelle mondiale

Pour l'Europe, un risque conjoncturel important rĂ©side dans un Ă©ventuel arrĂŞt des importations d'Ă©nergie russes, notamment de gaz. S’il n’y a pas d’embargo Ă©nergĂ©tique, les Ă©conomistes d’Ă۶ąĘÓƵ prĂ©voient une croissance solide en Europe, mais plus aussi importante que prĂ©vu en dĂ©but d’annĂ©e. Si un tel embargo est mis en Ĺ“uvre, la zone euro devrait entrer en rĂ©cession Ă  court terme. La Suisse est certes moins sensible aux perturbations de l’approvisionnement en Ă©nergie, mais un fort ralentissement conjoncturel chez un important partenaire commercial pourrait aussi provoquer des ralentissements consĂ©quents dans le pays.

La conjoncture suisse est aussi menacée par les goulets d’étranglement des chaînes d’approvisionnement mondiales. Ces difficultés devraient augmenter dans un futur proche avec les sanctions énergétiques et les mesures draconiennes de la Chine pour endiguer le coronavirus.

La forte hausse du prix du pĂ©trole a non seulement obscurci les perspectives conjoncturelles, mais aussi fait grimper les taux d’inflation Ă  un nouveau niveau record. Si les sanctions europĂ©ennes n'entraĂ®nent pas un arrĂŞt total de l'importation d’énergie russe vers l'Europe, l'inflation devrait atteindre son pic au premier semestre. Le niveau de l’inflation aux prochains trimestres dĂ©pend maintenant des effets secondaires, c’est-Ă -dire de la rĂ©action des personnes salariĂ©es et des entreprises Ă  la hausse de l’inflation. Tandis que ces effets reprĂ©sentent un risque certain aux Etats-Unis, ils devraient avoir un faible impact en Suisse. MalgrĂ© ces facteurs dĂ©favorables, la consommation de rattrapage soutient l’économie helvĂ©tique. «Après la pandĂ©mie du coronavirus, de nombreux secteurs disposent encore de capacitĂ©s non exploitĂ©es qui offrent un potentiel de rattrapage», explique Daniel Kalt, Ă©conomiste en chef d’Ă۶ąĘÓƵ Suisse.

Potentiel de hausse des intérêts épuisé

Après des mois de taux d’inflation excessifs, la nervositĂ© des banques centrales est montĂ©e d’un cran, ce qui se traduit par une dĂ©marche plus dĂ©terminĂ©e. Ainsi, les Ă©conomistes d’Ă۶ąĘÓƵ prĂ©voient que la RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine augmentera ses taux d’intĂ©rĂŞts de plus de 2% d’ici la fin de l’annĂ©e. La Banque centrale europĂ©enne devrait elle aussi procĂ©der Ă  deux hausses de taux d’ici fin 2022. Dans leur sillage, la BNS devrait Ă©galement augmenter ses taux directeurs vers la fin de l’annĂ©e.

Le renversement de tendance des banques centrales est aussi perceptible à l'extrémité longue de la courbe des taux. Les taux d’intérêt suisses à dix ans ont atteint leur plus haut niveau depuis 2014. Toutefois, le marché des capitaux reflète déjà les hausses de taux déterminées par les banques centrales. Il a parfois même intégré jusqu'à cinq hausses des taux directeurs de la BNS au cours des douze prochains mois. Si un renversement de tendance se dessine pour l’inflation, le potentiel de hausse des taux d’intérêts est épuisé et une légère baisse de ces derniers est probable.

«En comparaison internationale, la BNS est peu mise Ă  contribution pour lutter contre l’inflation, mais le franc fort pourrait redevenir un dĂ©fi pour elle», estime Alessandro Bee, Ă©conomiste auprès d’Ă۶ąĘÓƵ CIO GWM. Une conjoncture toujours solide soutient l’euro qui devrait de nouveau se renforcer par rapport au franc ces prochains trimestres. Mais si la conjoncture devait fortement ralentir, les marchĂ©s des changes devraient bientĂ´t Ă  nouveau occuper la BNS.


Ă۶ąĘÓƵ Switzerland AG

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Daniel Kalt
Économiste en chef, Ă۶ąĘÓƵ Suisse
+41-44-234 25 60
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Alessandro Bee
Économiste, Ă۶ąĘÓƵ CIO GWM
+41-44-234 88 71
alessandro.bee@ubs.com
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